Depuis février, Arianne Chouinard-Laporte, de Mirabel dans les Laurentides, et Chloé Lafontaine, de Saint-Charles-Borromée dans Lanaudière, animent des jeux de hasard en direct plusieurs fois par semaine sur le réseau social TikTok. Courtoisie
Chloé Lafontaine
« Eh bien, nous donnons un bon blitz à ceux qui veulent nous rejoindre. On est autour de 200$, si je ne me trompe pas, pour tourner drette-là en live», a annoncé Arianne Chouinard-Laporte en fin de ce mercredi soir. Courtoisie
Arianne Chouinard-Laporte
La semaine dernière, il y avait une tombola avec des ballons gonflables. En jeu : un prix de 1 000 $, un prix de 500 $, un prix de 200 $ et trois prix de 100 $. Les prix étaient enterrés parmi 315 ballons gonflables disponibles pour 15 $ chacun via PayPal ou Interac.
Capture d’écran, TikTok
Les deux femmes comptent ensemble un peu plus de 90 000 abonnés sur TikTok. Leurs vidéos en direct peuvent atteindre des centaines voire des milliers de personnes par jour.
Capture d’écran, TikTok
La Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a confirmé à notre Bureau des enquêtes avoir reçu deux plaintes la semaine dernière concernant ces influenceurs. Il a transmis les dossiers à la police jeudi.
« Lorsqu’il ne répond pas aux critères d’autorisation, il s’agit d’une activité criminelle. C’est la police impliquée. C’est une loterie illégale », explique Joyce Tremblay, avocate de formation et porte-parole de la RACJ.
Mercredi après-midi, Arianne Chouinard-Laporte a expliqué en direct le fonctionnement du moitié-moitié à ses abonnés. Il a déclaré que 50% des fonds collectés vont au gagnant, sous forme de prix. L’autre partie est allée dans ses poches, en compensation de son travail.
Et jeudi, son petit ami, Danny DeSantis, a organisé un tirage en direct pour un chèque-cadeau de voyage de 2 000 $ parmi les participants qui ont acheté un billet de 50 $.
Capture d’écran, TikTok
Danny DeSantis
Me Tremblay explique qu’au Québec, seuls les organismes à but non lucratif (ONG) peuvent obtenir une licence pour organiser un jeu de hasard pour gagner de l’argent.
Capture d’écran, TikTok
“On ne peut pas s’enrichir au détriment des gens”, insiste le porte-parole de la RACJ.
Interrogés sur la légitimité de leurs activités sur la plateforme, les influenceurs et leurs modérateurs suppriment les commentaires et peuvent même interdire les comptes TikTok pour empêcher la visualisation des contenus. Ils répètent à plusieurs reprises qu’ils ont une licence qui leur permet d’effectuer les tombolas.
Cependant, RCAJ affirme n’avoir trouvé aucune licence à leur nom avant de porter le dossier à la police.
Le Code criminel stipule que les organisateurs et les participants à une loterie non autorisée sont passibles d’accusations.
De plus, les règles de TikTok stipulent que la publication ou le partage de “tout contenu faisant la promotion des casinos, des paris sportifs, du poker, des loteries, des logiciels et des applications liés aux jeux d’argent” est interdit.
Jointe jeudi, Arianne Chouinard-Laporte n’a pas voulu répondre à nos questions et Chloé Lafontaine n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.
Au Québec, seuls les organismes à but non lucratif peuvent être autorisés à opérer des tirages au sort, loteries et autres jeux de hasard où il est possible de gagner de l’argent, selon Me Joyce Tremblay, porte-parole de la RACJ. Le permis émis par la RACJ doit être « affiché à la vue du public participant à l’endroit où se déroule le tirage ». Les bénéfices de toute tombola doivent être utilisés à des fins caritatives ou religieuses liées à la mission de l’OBNL. Lors d’un tirage moitié-moitié de moins de 5 000 $, une « personne physique » doit remettre un billet directement à chaque acheteur.
Source : RACJ